Fantastique

La série "Peter Pan" de Régis Loisel, s'annonçait déjà comme un grand succès d'édition. J'avais créé le Fourreux l'année précédente et tout le monde attendait une petite Clochette en résine.

Je crois que c'est la première pièce sur laquelle j'aie autant peiné. L'auteur était très exigeant et moi, je suais sang et eau pour faire naître une petite fée assise qui ne semblait pas très convaincante.

J'obtins un rendez-vous avec Régis pour aller lui présenter cette version, quand, au dernier moment, j'eus l'idée de la sculpter debout. L'auteur qui s'attendait à voir un seul prototype fut agréablement surpris et adopta immédiatement le second modèle.

Une pièce très attendue après la sortie de Bragon et du Rige, où j'ai saisi l'occasion de faire intervenir une de ces nombreuses créatures imaginées par Loisel : la monstrueuse monture de Pélisse, sorte de crustacé géant croisé avec un decapsuleur, dont l'aspect hideux contrastait à merveille avec le physique avantageux de sa cavalière.

C'était aussi un prétexte à réaliser un mini fourreux, créature apparemment insignifiante juchée sur l'épaule de Pélisse, mais sans laquelle cette scène n'aurait pas existé.

Je me souviens surtout du plaisir que j'ai eu à sculpter les drapés de sa tunique et à lui donner cette attitude digne et impertubable.

Régis a donné à ce personnage tant de force graphique, que je n'ai eu qu'a me laisser guider par son trait. C'était la première fois que je faisais poser quelqu'un (pas pour la ressemblance, mais pour l'attitude).

Le Rige, c'est mon beau-frère, avec une chemise ample, une serviette éponge pour les pans de la tunique et un balai en guise de hache !

Seul, sur son petit bout de planète, en train de contempler sa rose... le Petit Prince, comme une évocation de l'enfance rêveuse, nous ramène tous quelques années en arrière, quand nous étions petits, persuadés qu'on pouvait apprivoiser un renard ou dialoguer avec un allumeur de réverbères !

Le dessin enfantin d'Antoine de Saint-Exupéry n'est pas toujours bien défini, il n'est évidemment pas virtuose, contrairement à celui des grands noms de la bande dessinée, mais il s'en dégage une fraîcheur et une touchante naïveté qui parle à chacun de nous : nous avons presque l'impression que nous pourrions dessiner comme lui !

C'est là ce qui fait son charme... et le rend aussi si difficile à saisir en trois dimensions ! Et dans cet exercice périlleux, il faut reconnaître qu'Alban s'en est sorti comme un chef !